(shanae) || + It makes me weak

Certains viennent au monde dans une famille riche et prospère. Pas moi. Mes parents avaient des revenus modestes et limités, bien que cela ne m'ait jamais dérangé. Je ne suis pas une fille luxueuse, voyez-vous? Je ne suis donc pas aller étudier dans les meilleurs écoles, ce qui fait que je ne pourrai jamais aller à Harvard ou dans toute institution réputée en comptant sur les revenus de mes parents. Peu m'importe, ça ne m'intéresse pas. Ce qu'ils avaient prévus à mon intention non plus d'ailleurs. Dès mon plus jeune âge, je me suis vite aperçue que j'étais chouchoutée par eux, contrairement à mon frère. Non pas qu'ils ne l'aimaient pas, mais je suppose qu'ils avaient envie de me dompter puisque j'étais d'une obéissance sans limites. J'en ai profité. Ne demandez pas à une enfant de comprendre que profiter de sa situation affective est mal. Je demandais toutes les sucreries que je désirais et en échange, je les écoutais et ne me rebellais jamais. S'ils voulaient que je range ma chambre, je le faisais. S'ils ne voulaient pas que je m'habille d'une certaine manière, je ne le faisais pas... ainsi de suite. La petite fille parfaite dont les parents pensent ne jamais avoir honte.

____________________________________________

❝  Steven, veux-tu arrêter? Fais comme ta soeur et restes sage.  ❞ Steven, mon frère ainé, devait souvent supporter la petite miss parfaite que j'étais puisqu'on me citait en exemple à suivre lorsqu'il ne les écoutait pas. Je suppose que ça me plaisait. C'était comme un petit nid douillet qui vous donne l'assurance qu'on sera toujours derrière vous pour vous épauler si vous marchez droit. Je me souviens du temps béni où Steven et moi étions inséparables, jouant ensemble malgré notre différence d'âge et se confiant l'un à l'autre. Je suppose que c'est notre écart de six ans qui nous a éloigné. Il a eut besoin de liberté avant moi et mon obéissance aveugle aux parents devait l'insupporter. Nous nous bagarrons régulièrement depuis quelques années. Si complémentaires par le passé et si différents par le présent. ❝ Écoutez-les à la fin!  ❞ S'amusant à changer de chaine, manette du téléviseur en main, il alternait d'un poste à l'autre, faisant exprès de déranger les parents occupés à faire la causette avec notre voisine et de son fils, Thierry . Il me regarda un instant, comme pour me signaler que je n'étais pas l'autorité en place, avant de continuer. C'était ainsi depuis un moment. Lorsqu'il faisait quelque chose qui déplaisait à papa ou maman, je lui disais d'arrêter, soutenait les parents et le faisait passer pour un petit rebelle sans coeur, alors que son comportement m'amusait. Je ne sais pas pourquoi j'agissais ainsi. Je voulais qu'on me prenne en exemple, qu'on dise que j'étais une enfant parfaite. J'ai jeté un bref coup d'oeil à Thierry, que je considérais comme un deuxième frère, mais ce dernier ne nous portait aucune attention, intéressé par la discussion des plus âgés. J'étais une incomprise dans ce monde de désobéissance...

____________________________________________

Ça aurait pu continuer longtemps ainsi. Mes parents qui donnaient des ordres et moi qui les suivaient comme un gentil toutou.... mais les choses ont changées. Plus ils essayaient de contrôler mon avenir et plus je me sentais éloignée de ma vraie personnalité. ❝  Phoenix a une très bonne université et les cours sont à un prix abordable...   ❞ Comme à son habitude, mon père parlait seul, alors que je hochais docilement la tête pour l'approuver. Ce n'était pas moi qui payais, je devais donc me taire et accepter sans me plaindre. ❝  Pour que tu sois bien rémunérée, tu devrais ....   ❞ Ne l'écoutant qu'à moitié, même s'il s'agissait de mon avenir, je dessinais sur la feuille de papier se trouvant devant moi. Douée et intéressée par l'art, ma chambre regorgeait de peintures, de photographies et de croquis en tout genre. Ils me permettaient de m'évader, de m'exprimer. Lorsqu'une discussion devenait ennuyeuse ou que je savais n'avoir aucun contrôle sur cette dernière, je prenais un crayon et du papier. Sachant très bien que c'est mon père qui décidait de l'institut et de la matière dans laquelle j'étudierais, je ne participais donc pas à la conversation, me contentant de hocher la tête et de sembler enthousiaste pour lui faire plaisir. Les habitudes ne sont pas aisément dé logeables. Il avait décidé que j'irais en Lettres, puisque cette matière m'ouvrirait plusieurs disciplines différentes par la suite et me donnaient la chance de faire carrière respectable et bien rémunérée. Il désirais également que j'étudie à l'étranger.  J'ai donc suivi ses instructions, même si j'avais l'impression qu'en se faisant, je gâchais une partie de ma vie.

____________________________________________
❝  Mais t'es vraiment nulle à chier...   ❞ Assise sur mon perron, nouvelle guitare à la main, j'ai relevé la tête pour voir le garçon impoli qui m'adressait la parole. J'apprendrais plus tard qu'il se prénommait William et contribuerait à mon émancipation. ❝  Lâches ça, t'es une honte pour les oreilles. Je vais te montrer comment faire!   ❞ Un peu téméraire, il s'était approché de moi pour me faire cours. Oui, j'étais très nulle, mais jamais je n'aurais pensé vexer ou faire pitié à un inconnu au point qu'il se sente le besoin de me monter comment jouer de la guitare.

Deux semaines après cette rencontre, nous étions devenus amis, ce dernier me donnant des cours lorsqu'il avait du temps devant lui. Nous discutions de tout et rien, comme des connaissances de longues date. ❝  Et pourquoi tu continues à étudier en Lettres si tu détestes ça?   ❞ Je venais de lui faire part du fait que mon père avait décidé pour moi des cours que j'allais entreprendre et qui m'aideraient à trouver mon futur emploi. Cela faisait deux ans que je les suivais, même s'ils ne me convenaient pas et ne me motivaient pas le moins du monde. ❝  Je ne sais pas... je suppose que je ne veux pas les vexer.  ❞ J'avais toujours écouté mes parents, peu importe leurs demandes. Jamais je ne désobéissais. J'étais la gentille petite fille que tout le monde souhaitait d'avoir. ❝  Poule mouillée... Fais dont ce que tu veux pendant que tu en as l'occasion.   ❞ Étrangement, cette simple petite remarque m'a ouvert les yeux. Pourquoi laisserais-je les autres décider pour moi? C'était MA vie après tout, non?
____________________________________________

❝ Mais arrêtes, tu agis comme si je te trahissais! ❞ criais-je à mon père, hors de moi puisque la discussion avait grandement dégénérée. ❝ C'est exactement ce que tu fais! On t'a tout donné ta mère et moi, et voilà comment tu nous remercies? Tu gâches ton avenir! ❞ Pourquoi étions-nous entrain de nous disputer pour la première fois? Parce que je venais de lui apprendre que je changeais de voie et que j'avais décidé de m'inscrire en arts. ❝ J'en ai marre à la fin, je ne suis pas votre gentil petit chien! Vous ne pouvez pas décider pour moi toute ma vie! ❞ Est-ce que le fait qu'ils décident pour moi me plaisait en temps normal? Oui, ça me sécurisait. Par contre, je commençais à avoir envie de changements. De faire ce qui me plaisait sans roue de secours. Peut-être n'était-ce pas censé, mais c'était ma décision. Je voulais faire de la photographie, voilà tout. Pour mes parents, c'était comme si je leur avouais vouloir danser nue. Ils n'avaient aucun intérêt pour l'art et le culturel. Ils voulaient seulement savoir que leurs enfants étaient à l’abri du besoin. Je détruisais donc leurs rêves en leur apprenant que je voulais vivre de mon art, ce qui se terminait bien souvent dans la pauvreté et le manque de reconnaissance. Je ne vois plus mes parents depuis ce différent, bien que j'ai renoué contact avec mon frère. Nous ne sommes pas aussi complices qu'auparavant, mais je cois que ma décision de choisir seule a été apprécié par Steven. Il est fier de moi, même s'il ne me le dit pas. J'espère juste que je ne me fourvoie pas et que je serais capable de me débrouiller sans la précieuse aide de papa et maman pour me guider.

____________________________________________
❝ Continues comme ça et tu vas prouver à tes parents que t'es une ratée... ❞ Je parlais toute seule. J'avais affronté mon père et j'étais revenue en Nouvelle-Orléans, mais je me rendais compte que mon rêve était quasiment irréalisable. Les cours de photographie étaient intéressants, mais les chances de percer plutôt nulles. De plus, j'avais été dans l'obligation de trouver un emploi pour les payer et je vivais chez ma tante. J'étais animatrice en camp de vacances et je créchais dans un magnifique petit 2 et demi avec une vieille mégère de trente ans mon ainée. C'est pour cette raison que je ne comptais pas m'éterniser chez elle. C'était la sœur de mon père, ce qui signifie qu'elle lui racontait tout ce que je lui disais et me donnait des ordres à tout va. Je me sentais enfermée et prisonnière. Quoi que je dise, quoi que je fasse, on voulait toujours décider pour moi. Me prenaient-ils tous pour une gamine? ❝ Tu fais quoi au juste? ❞ En parlant du loup ... Rapidement, j'ai refermé le journal avant de sourire à ma tante, aussi sincèrement que mes nerfs ne me le permettaient. ❝ Rien, je les lisais les bd! ❞ Arquant un sourcil, elle tourna les talons, me laissant de nouveau seule dans la cuisine. J'ai donc profité de cet instant de solitude pour reprendre ma lecture là où je l'avais laissé. ❝ Recherche de colocataires.... voyons voir.... ❞ La chance allait peut-être de me sourire, qui sait?