❄ ROSE WINTERFELL « les jolies petites colonies de vacance »

Un certain 16 Mai, alors que les rayons d'un soleil de 11h perçaient à travers la fenêtre de la chambre 111 de la clinique Jeanne d'Arc à Paris, celle d'Adeline Winterfell. C'était une femme particulièrement belle, aux longs cheveux bruns qui venaient se poser sur ses épaules. Un homme se tenait à ses côtés. Malgré les premières rides qui commençaient à se former sur son visage bienveillant, Drew Winterfell était un bel homme. Dehors, dans la salle d'attente, attendait l'aîné de la famille, Isidore, désormais grand frère de la petite Rose à cinq ans. Voilà. C'est ainsi que commence chaque histoire. Rien de particulièrement passionnant à part les sourires qui se tracent sur les lèvres de nouveaux parents. La vie de Rose n'a rien d’exceptionnelle. Elle grandit à Paris, dans les bras de parents aimants, tous les deux artistes peintres dépourvus de liasses de billets et d'argent et d'or. Juste ce qu'il faut pour vivre une vie paisible. Rien n'était trop et rien n'était trop moche pour la jeune Winterfell. Elle vivait la vie d'une enfant ordinaire. Aucun de ses deux parents ne se doutaient qu'en l'inscrivant dans une colonie de vacance, elle allait revenir différente. Parce qu'elle n'était jamais tombée amoureuse, parce qu'elle n'avait jamais ressenti ce que beaucoup appellent l'Amour...


C'était le dernier jour en colo. Une colo musicale, où il ne se passait pas une seconde sans que l'on ne puisse entendre de la musique quelque part. Du Rock du matin au soir. Bref, c'était un rêve pour une jeune fille de 14 ans ! Ce soir-là, ils avaient organisé un concert, où tout le monde jouerait, suivit d'une soirée histoire de passer un dernier bon moment tous ensemble. Le concert était désormais terminé depuis environs 30min et la soirée avait put commencer. Rosie dansait -ou plutôt se dandinait- avec ses amies, pendant que lui même dansait dans son coin. Il faisait partie des seuls garçons à danser et beaucoup de filles disaient qu'il aurait mieux fait de ne pas se lever. Pourtant, la blondinette n'avait qu'une seule envie: le serrer fort dans ses bras en lui disant qu'il n'avait rien de ridicule. Il la regardait un moment danser, puis tournait la tête comme si de rien n'était lorsque c'était à son tour à elle de poser son regard sur lui. C'était un jeu de regard qui n'en finissait pas, et dont elle se délectait. Sentir son regard bleuté posé sur elle lui était agréable, une sorte de chaleur qui parcourait l’entièreté de son corps. En réalité, elle n'était jamais tombée amoureuse depuis la petite section de maternelle, c'est pour vous dire... Elle n'avait jamais véritablement ressentit cette sensation. Un besoin de le regarder, juste pour savoir qu'il était là, qu'il existait vraiment... Dans n'importe quelle situation, elle le trouvait adorable : même lorsque ses amis trouvaient quelque chose à critiquer chez lui, ce point négatif devenait positif aux yeux de Rose. Ce soir, elle avait l'espoir qu'il l'inviterait à danser pour le slow. Tout laissait penser qu'il le ferait et la jeune fille n'attendait que ce moment. Si ça n'était pas arrivé... il fallait que ça arrive. Durant la totalité du séjour, pas une seule fille ne s'était intéressé à lui, à part Rosie. C'était comme ci tout s'était effondré d'un coup. D'une seconde à l'autre, plus rien n'allait. Cette fille s'était levée, c'était approchée de lui et l'avait embrassé. Tous les membres de la Winterfell se contractèrent d'un seul coup, comme si elle avait reçu une balle dans la tête. Rose s'arrêta brusquement de danser, prenant place sur une chaise, qui fut son lit de torture durant le slow. Elle tentait de s'imaginer à la place de cette fille dans ses bras, entrain de lui caresser les cheveux avec douceur. Mais cela ne faisait que d'empirer les choses et d'épaissir cette boule qu'elle avait dans la gorge. Lentement, elle se leva, prit la direction de la sortie, regagna sa chambre, retira ses vêtements en vitesse et se glissa dans ses draps dans un silence de mort.


Elle fredonne sans cesse cette chanson depuis cette colonie. C'était sa chanson préférée, à lui. Il la connaissait par cœur, alors bien entendu, elle aussi. Malgré tout ce qui a put se passer ce soir là, le jeune homme n'est jamais sortit de l'esprit de Rosie. Son visage en permanence gravé à l'intérieur de ses paupières. Pourtant, elle ne l'a jamais revu depuis qu'ils se sont tous quittés sur les quais de la Gare Montparnasse. Et même le fait de déménager dans la ville d'origine de son père ne l'a pas aidée à l'oublier. Même à la Nouvelle Orléans, elle pense à lui. Tout ce qu'elle veut désormais, c'est le retrouver. Revoir son visage, sentir à nouveau son regard bleuté posé sur elle. Juste pour savoir qu'il est là et qu'il existe vraiment...