Sans le vouloir, les autres sont un combat permanent

NOM: Middleton, nom qui fait tourner bien des têtes depuis qu'il est lié à la royauté anglaise.  ► PRENOM: Meeko, un prénom dur à porter, mais que la mère de ce derniertrouvait exotique. Le brun n'a pas la chance d'avoir de second prénom, faut dire que ses parents sont extravagants. ► AGE: 25 ans ► DATE ET LIEU DE NAISSANCE: 17 aout 1987 à La Nouvelle Orléans. ► ORIGINES: américain et suédois. ► STATUT CIVIL: En couple, tout du moins c'est ce que tout le monde dit, mais personne ne sait véritablement tant le brun est volage et semble aller voir ailleurs même s'il ne s'intéresse qu'à une belle. ► TRAITS DE CARACTÈRE: malin ~ possessif ~ cultivé ~ sanguin ~ autonome ~ versatile ~ vif d'esprit ~ désabusé ~ protecteur envers les personnes qu'il aime ~ coureur de jupon ~ pudique lorsqu'il s'agit de ses sentiments ~ borné ~ séducteur ► GROUPE:  l'amour est dans le pré  

Je crois que je suis très simplement incapable d’aimer. D’aimer correctement, vous savez ? D’aimer les gens quand ils sont là, de leur dire ce que je ressens au lieu de le garder pour moi. Je ne sais pas ce qui ne va pas sous mon crâne où pourquoi je suis comme ça, j’avais peut-être pas de modèle fiable, mais alors pourquoi Madison ne me ressemble t’elle pas ? J’ai beaucoup de questions, j’ai aucune réponse et je me demande parfois comment faire pour changer, comment faire pour comprendre, oublier et devenir quelqu’un d’autre. Puis, la nuit tombe et je sais que ça ne sert à rien de me dire ça, je sais bien qu’on ne change pas, j’ai déjà essayé, ça sert à rien. Ça ne fait que donner des faux espoirs à nos proches avant qu’on ne les  déçoive un peu plus. J’aimerais aller voir mon père pour lui dire que je l’aime, que je ne le haïssais pas vraiment, cependant rien que d’y penser j’ai une boule dans la gorge. Je sens mes poings se crisper, c’est viscérale, je ne peux pas lutter contre ce que je suis, j’ai déjà trop essayé.
C’est  con, mais je viens d’une famille normale. J’ai jamais vraiment vécu de grand traumatisme. Mes parents sont vivant, ma mère était fort présente pour nous quand on était enfant. Quant à mon père, il faisait de son mieux pour être le plus présent possible malgré son boulot d’ambassadeur. A défaut d’y arriver il faisait de son mieux, se rattrapant à chaque fois qu’il manquait à ses promesses. Ma vie je l’ai passé entre des parents aimant, deux sœurs et un frère. La dynamique familiale était idéale pour qu’un enfant se développe le mieux qu’il puisse. Je n’ai donc aucune raison d’être aussi tordu, bousillé, pourri jusqu’à la moelle. Enfant, j’étais dans la norme, pas trop bon, pas trop mauvais, dans le fond je m’ennuyais. J’étais bon à l’école, j’étais plutôt dégourdi, j’étais un bon gosse sans problème. Aujourd’hui, si j’avais suivit le chemin qui m’avait été destiné je serais surement en train de bosser dans une ambassade quelque part dans une zone reculée du globe.
Ma famille semble être parfaite, c’est vrai, il arrivait qu’on s’engueule ou qu’on pousse nos parents trop loin, mais la fratrie Middleton était généralement irréprochable.  De l’extérieur, les gens ne voient que ça. Ils ne comprennent pas comment j’en suis arrivé à être ce gars totalement dysfonctionnel qui ne trouve son plaisir que dans l’observation perverse de la misère humaine. J’ai tout pour moi, me suffirait de courir chez papa maman pour obtenir un poste bien payé dans n’importe quelle entreprise du coin, ou même pour retourner à la fac sans avoir à rien payer. Les gens ne comprennent pas pourquoi je suis là, toujours là, à ne rien faire qu’observer, rien faire que me bousiller comme je peux en regardant passer le temps.
J’aimerais avoir quelque chose qui me retienne, quelque chose de plus que des parents aimant que je n’arrive pas à aimer. Quelque chose de plus qu’une jumelle que j’aime plus que tout mais à laquelle je n’arrive pas à exprimer ce que je ressens. Je fais genre, je feins, je mens. Je fais semblant de ne pas avoir besoin d’elle alors qu’il s’agit d’un des derniers piliers qui me garde à flot. Madison c’est un peu ma bouée de sauvetage, c’est mon sauveur et mon bourreau, si elle n’était pas là ça ferait longtemps que j’aurais coulé, ça ferait longtemps que j’aurais cessé de chercher la surface. Pour elle je garde la tête hors de l’eau, même si je ne lui montre pas, même si je ne lui en parle pas, jamais. Je me trouve tellement con, branque, stupide. Je vais finir par crever dans un coin et personne ne s’en plaindra.
Après une vie de banalité, étouffé par ma normalité, il était normal que je sombre dans l’excès. L’alcool, la drogue, ça semble obligatoire pour un bourge comme moi, sans but, sans rien pour le retenir, sans foi. Je bois trop, je ne donne pas chère de mon foie, il m’arrive de fumer de l’herbe, mais jamais de trop. Mes vices je les portes comme des étendards, je les affiche fièrement pour repousser les gens. Je deal de tout et partout. Je m’en fou de quelle vie je bousille de quelle con j’aide à se suicider. Je regarde simplement les fourmis qui gravitent autour de moi pour quelques grammes sans m’étonner de les voir disparaitre parfois. Je suis entouré par des sorteurs, des dragueurs, des glandeurs, des drogués, des brisés, des paumés. Je vois toutes les âmes brisées passer par mon office et je me demande, je me demande perversement ce que ça fait d’arriver à leur niveau, de laisser partir les dernières  flammes qui réchauffaient leurs nuits, guidaient leur vie. Je suis l’étranger à qui on achète sa dose, je suis l’entre deux. Perdu entre les vivants qui meurent au boulot, qui voient le temps passer sans en profiter et ces morts qui trainent les pieds vendant leur âme au diable pour quelques grammes, croyant trouver l’essence de la vie dans les paradis artificiels.  Je suis le passeur, celui perdu au milieu. Je suis simplement perdu.

Et un jour je l’ai trouvé, ce bout de femme brisé. Cet être si frêle qu’il me donnait envie de pleurer. Je n’ai pas compris tout de suite ce qui m’est arrivé. C’était un rayon de lumière, le souffle d’un été indien brisant l’hiver. Je ne suis pas fait pour elle, pourtant je n’arrive à rien sans elle. Je peux pas me résoudre à l’abandonner, je ne peux pas non plus la garder rien que pour moi. C’est fou, mais ça me consume. Ça me tue, ça me ronge. Quand elle n’est pas là je sens les vermines sous ma peau créer des sillons enflammés qui me rappellent son absence. Quand elle est là je n’arrive à rien, je sens ses yeux sur moi, je sais qu’elle est là et je ne pense à rien d’autre. Tout disparait et j’oublie, j’oublie que j’ai mal, j’oublie que je ne suis rien, j’oublie que je ne sais rien, que je ne suis voué à rien. C’est débile, idiot, naïf, ingénu. Mais je n’arrive pas à lutter. Les jours sont mornes sans elle, mes nuits sont trop longues. Je ne peux me résoudre à la laisser à quelqu’un d’autres, mais je ne la mérite pas. J’ai envie de me fondre dans ses bras, de naître à nouveau, de naître autrement. J’ai envie quelle déplace les rouages de mon cerveau, quelle répare les pièces que j’ai cassé avec les années, qu’elle rassemble mes fragments afin que je me retrouve entier encore une fois. Alors, les gens disent que nous sommes en couple, ils disent qu’elle est faite pour moi. Ils ne savent pas, comme d’habitude, ils ne savent jamais rien. Ils ne comprennent pas qu’elle me tue, ils ne comprennent pas que je ne peux pas la toucher de peur de la souiller, de peur de la briser. Alors, je l’emprisonne, je la garde sous mon emprise, la gardant jalousement  de ces autres qui la désir, qui ne savent pas ce que je sais moi, qui ne comprennent pas sa valeur.
Il est aisé de ce dire que je l’aime à en crever, mais je ne l’aime pas, je ne sais pas aimer. Je jalouse, je possède, mais je ne m’attache pas, jamais. Pas à quelqu’un, en tout cas. Je ne suis pas le faiseur de mon propre malheur. Alors, un jour elle s’en ira, un jour tout ça disparaîtra, mais je suis prêt. De toute manière je n’attends que ça. Je n’aime que moi et je finirai seul. J’irais voir d’autres catins, conter ma vie blotti dans leur bras jusqu’au matin, leur parler de ma belle qui s’en est allée, de ma belle qui est restée.