TC1 ▬ between life and death.

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Depuis ma plus tendre enfance, je crains l’eau. Une noyade échappée par les talents de mon père en est d’ailleurs l’unique cause. Dès lors, lorsque Ted me désigna volontaire pour assister les nageurs d’une compétition organisée par la ville, j’eus peine à cacher mon mécontentement. Je pestai intérieurement. Je protestai même un peu mais Ted comptait sur moi. Il estimait qu’une journée au grand air pourrait me faire le plus grand bien. J’acceptai donc cette mission la mort de l’âme tentant de me convaincre, la semaine durant, que parcourir un lac n’était pas la mer à boire. Sauf que, le jour venu, il faisait un temps à rester dans son lit. Le vent froid soufflait si fort que mon écharpe n’a pas suffit à me préserver de la morsure du froid. Mon nez et mes mains étaient gelées. J’aurais volontiers enfilé une paire de gants s’il ne réduisait pas ma précision. « Tu fais une de ces têtes » remarqua mon collègue qui m’aida à grimper dans une embarcation qui ne m’inspirait rien de bon. « Ouais. Je déteste l’eau et interdiction de te manquer. J’ai failli me noyer étant enfant. » répliquais-je avec au cœur un mauvais pressentiment. Un pressentiment auquel j’aurais dû me fier.

Peu de temps après le coup d’envoi, le lac s’est déchaîné et le courant nous entraîna jusqu’une petite île lointaine où nous ne pouvions plus voir les participants à la course. Cela ne me disait rien qui vaille. Je soupçonnais un drame. Pire, une noyade que je garderais sur ma conscience. Paniquée, je ne prononçais d’autres mots que ceux nécessaires à aiguiller les nageurs chanceux qui échouaient sur la berge. Je m’assurais qu’ils allaient bien, réitérant sans cesse les gestes nécessaires à le vérifier. Dans l’ensemble, nous ne déplorions aucune autre catastrophe. Je leur distribuais donc des couvertures légèrement plus sereine quand j’eus l’idée de dénombrer mes compagnons de galère. J’aurais juré qu’il y avait davantage d’inscrits que les dix déjà présents. Je n’aurais pu en donner le nombre exact mais, l’équipe n’était pas au complet. Dès lors, je scrutai l’horizon quand je crus discerner une jeune femme se débattant dans l’eau. Elle était en très mauvaise posture si bien que j’hélai mon collègue à pleins poumons pour qu’il lui vienne en aide. Il ne m’a pas entendu. Alors, j’ai couru jusqu’à lui le plus rapidement possible. Je lui désignai la demoiselle en détresse non loin et, n’écoutant que son courage, il plongea à l’eau. Je l’observais au loin, me préparant à intervenir quand ils arriveraient sur la rive si, d’aventures, la jeune femme était inconsciente. Comment la ville a-t-elle pu manquer de négligence à ce point ? Vu le temps, n’aurait-il pas dû annuler la compétition plutôt que mettre nos vies en danger ?